![]() |
Selon Reuters, le conseil d’administration d’Arcelor a rejeté dimanche 29/01/06, à l’unanimité, l’offre d’achat de 23 milliards de dollars (18,6 milliards d’euros) du groupe indien Mittal Steel et a recommandé à ses actionnaires de ne pas lui apporter leurs actions.
Arcelor, né de la fusion il y a quatre ans des sidérurgistes français Usinor, luxembourgeois Arbed et espagnol Aceralia, employe plus de 90.000 personnes et produit un peu plus de 45 millions de tonnes d’acier. C’est le numéro 2 mondial.
Le numéro 1, Mittal Steel, en produit près de 60 millions et emploie 220.000 salariés.
Les deux groupes ne sont pas présents sur les mêmes marchés. Mittal est davantage implanté en Europe de l’Est et en Amérique du Nord tandis qu’Arcelor est plutôt présent en Europe de l’Ouest et en Amérique du Sud.
S’ils fusionnaient, l’ensemble représenterait environ 12% de la production du secteur de la sidérurgie, qui est relativement éclaté. Ce taux représente, selon certains analystes (et, visiblement, selon Lakshmi Mittal qui dirige le groupe qui lance l’OPA) la "taille critique" qui permettrait de bien se positionner dans l’hypothèse probable du développement de la concurrence chinoise.
DH Net l’explique en ces termes : « Selon des analystes, un géant chinois, produisant quelque 30 millions de tonnes d’acier par an, pourrait surgir dès 2007-2008. La Chine compte déjà un sidérurgiste, Shanghai Baosteel, pointant au 6e rang mondial avec 21,4 millions de tonnes produites en 2004. Le marché est tiré par la Chine qui, après avoir massivement importé, se dote de son propre outil de production pour répondre à sa croissance économique exponentielle. »
C’est d’ailleurs ce qu’explique Lakshmi Mittal qui dit sa volonté de « créer une industrie durable », avec des « synergies sans précédent », précisant « nous n’envisageons aucune fermeture d’usine avec cette combinaison » (source).
Cette précision s’adresse, bien sûr, aux salariés d’Arcelor qui détiennent ensemble 1,94% du capital de leur société et dont l’un des représentants au Conseil d’Administration, Michel Marti, dit craindre les intentions de Mittal (source).
Même écho de la centrale syndicale belge FGTB qui s’inquiéte de « la brutalité des restructurations » menées par Mittal Steel auparavant et estime qu’ « il n’y a aucune raison d’être optimiste » (source).
De son côté l’Etat luxembourgeois, principal actionnaire d’Arcelor, avec 5,62% du capital, exprime ses craintes sur l’aspect « apparemment hostile » de l’offre de Mittal en soulignant « l’absence de consultation préalable » tant avec lui qu’avec la direction d’Arcelor.
Même son de cloche de la part du ministre français de l’Economie et des Finances Thierry Breton qui s’est dit « très étonné de la façon de procéder » du groupe indien qui a lancé son OPA « sans contacts préalables, comme ça, du jour au lendemain », c’est-à-dire d’une façon « contraire aux règles de gouvernance » économiques modernes (source).