Transporteurs sans frontières

mardi 3 mai 2005.par Philippe Ladame
 
La question du "pays d’origine" se pose aussi dans l’emploi des chauffeurs routiers.

Ouest-France du 03/05/05 évoque la manifestation des chauffeurs routiers de l’entreprise de transport et logistique Dentressangle devant son siège, dans la Drôme.

Environ 150 routiers s’étaient en effet rassemblés pour exprimer leur inquiétude pour l’emploi.

Une inquiétude qui trouve sa source dans la présence, de plus en plus fréquente, de routiers polonais au volant des 4.500 camions Dentressangle.

Les chiffres varient à ce sujet : l’entreprise parle de 87 chauffeurs polonais, pour les syndicats leur nombre est plus proche de 200.

Rien d’illégal. Ni d’illogique, s’il s’agit d’effectuer un aller-retour Varsovie - Nantes. Mais si c’est pour effectuer des liaisons de l’Hexagone vers l’Angleterre, l’Espagne ou l’Italie, cela semble déjà plus troublant. Et quand c’est pour faire du Rennes-Bordeaux ...

« Les Polonais restent travailler jusqu’à six semaines de rang à l’Ouest, avant de repartir chez eux pour une semaine, raconte un représentant CFDT. Ils dorment dans leur camion, se changent et se lavent dans les dépôts Dentressangle. Et ils sont payés 500 € par mois, plus 700 € de frais de route. Soit trois fois moins que pour un grand routier français. » Un délégué CGT ajoute : « Tous les grands groupes font pareil, pour faire des ristournes et reprendre des marchés. Nous, on va se retrouver au chômage. Mais qui va alimenter les caisses d’alloc et de retraite ? »

Comme le résume Ouest-France, « cela coûte trois fois moins cher d’engager un routier de l’Est pour rouler à l’Ouest. Dentressangle et quelques autres grands transporteurs français ne s’en privent pas. »

« Il est clair que le transport international est une activité concurrentielle. Et qu’on est loin d’être les seuls, ni les pires » se défend la porte-parole de Norbert Dentressangle.

Le recrutement de chauffeurs par une filiale de l’est, aux tarifs de l’est, est autorisé, par la réglementation européenne, pour les transports internationaux. Mais c’est normalement interdit pour les transports intérieurs. Apparemment la France n’a pas prévu, dans sa réglementation, de sanction pour faire respecter cette interdiction.

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